11-12 mai 2022, en ligne via zoom.
Dans le cadre du 89e Congrès de l’Acfas, le CRICIS, le REQEF et le LabSIC vous invitent à leur colloque en ligne, qui sera jumelé à des activités de réseautage international pour les chercheur.e.s, sous le titre Genre(s) et communication : enjeux éthiques, épistémologiques et méthodologiques. Le colloque aura lieu sur zoom et est une activité payante liée à l’Acfas.
L’évolution des médias, de la communication, du numérique et des données massives interroge à nouveaux frais les problématiques de genre, et vice versa. Les études féministes et les études sur le genre en communication font en effet l’objet d’une grande effervescence ces dernières années dans la francophonie. Plusieurs dossiers de revues scientifiques en communication, et plus largement en sciences sociales, ont abordé ces questions (Recherches féministes, 2020; Revue française des sciences de l’information et de la communication, 2014; Revue africaine de Communication, 2017). Au cours des dernières années, un travail de traduction des études culturelles féministes dans la francophonie, soit l’« un des champs les plus importants par lequel les études féministes se sont imposées dans le domaine de la communication » (Lebel & Nadeau, 2000, Bertini, 2006) en permet une expansion. Les études du genre articulées aux communications et aux médias prennent de l’envergure (Brun et al., 2020 ; Mattelart, 2003), et des approches du genre en communication prennent forme au confluent des sciences de l’information et de la communication, des études culturelles et des études de genre (Cervulle et Rees-Roberts, 2010; Biscarrat, 2013, 2019; Damian-Gaillard, Montañola & Olivesi, 2014; Lallet, 2014; Lécossais, 2020). Cette rencontre est féconde et nécessaire « tant l’information comme la communication sont structurées par le genre » (Coulomb-Gully 2010 dans Biscarat, 2019).
L’objectif de ce colloque est donc d’approfondir et actualiser cette interrelation entre genre, médias et communication aujourd’hui. Au travers et au-delà de l’omniprésence du numérique, de la complexité et diversité des contenus, des médiations, trans et intermédiations possibles, la question de l’interrelation genre-communication traverse ce colloque. Prenant acte du pouvoir critique du genre à dévoiler les constructions sociales et politiques que dissimulent les concepts et savoirs (Blandin, et al. 2017; Bertini, 2009; Dalibert, 2014), ce colloque vise également à rassembler des chercheuses francophones et à faire état des travaux actuels sur trois plans.
- Éthique : il s’agit d’interroger les responsabilités des chercheu·r·e·s, leur rapport de pouvoir sur le terrain, la circulation des biais de genre (incluant leurs aspects intersectionnels) dans les dispositifs sociotechniques, et les constructions symboliques. Le binarisme de genre dans la production algorithmique et médiatique se présente comme un poids surplombant (Arnold, 2016) alors que le numérique brouille les catégories, défait et refait les rapports de genre (Boisvert, 2020), les enjeux éthiques sous-jacents à cette « dé-partition ».
- Méthodologique : l’émergence de nouveaux objets fait poindre des méthodes féministes sui generis. Il s’agit de voir comment le genre peut constituer une démarche ou méthode pour décoder les sens et significations des dispositifs (Coulomb-Gully, 2010; Julliard, 2009, 2013; Julliard et Quenemer, 2014). Le numérique, les nouvelles dynamiques de circulation, production et réception, de même que l’émergence des données massives posent de nouveaux défis au genre (Luka & Millette, 2018; Boisvert & Bélanger, 2020). L’importance que prennent la mobilisation des connaissances, la co-construction des savoirs (Migner-Laurin & Bélanger, 2012) , la recherche-création, le savoir incarné ou situé (Haraway, 1988; Delphy, 2009), ouvre des possibilités sur les terrains de la communication et des médias.
- Épistémologique : dévoiler les implicites de la démarche scientifique (Biscarrat, 2013) et les façons dont la posture, la positionnalité, le « corps genré » des chercheur·e·s (Galinon-Mélénec & Martin-Juchat, 2008) altèrent le rapport à l’objet. Une telle démarche accompagne inévitablement le foisonnement du domaine de recherche. Il s’agit de proposer des pistes pour concevoir une science (féministe) plus juste, plus éthique, plus équitable et plus inclusive (Bourdeloie 2018, 2020; Le Gallo & Millette, 2019, Brun, 2020).
L’horaire des deux journées peut être consulté ici.
En parallèle se déroulera le mercredi 11 mai de 14h30 à 19h une activité en présentiel et en marge du colloque intitulée La recherche-création au prisme du genre. De plus amples informations suivront quand à cet événement, qui se déroulera entre les murs de l’UQAM.
Responsables du colloque
N’hésitez pas à contacter les responsables du colloque pour toute question éventuelle:
Anouk Bélanger (belanger.anouk@uqam.ca)
Hélène Bourdeloie (helene.bourdeloie@univ-Paris13.fr)
Stéfany Boisvert (boisvert.stefany@uqam.ca)
Lena A. Hübner (hubner.lena_alexandra@courrier.uqam.ca)
Pour le site de l’Acfas, voir www.acfas.ca
Références citées
Arnold, Sarah (2016). « Netflix and the Myth of Choice/Participation/Autonomy ». Chap. dans Kevin McDonald et Daniel Smith-Rowsey (dir.), The Netflix Effect: Technology and Entertainment in the 21st Century, p. 49-62. New York : Bloomsbury Academic.
Bertini, Marie-J. (2009) « Le Gender Turn, ardente obligation des sciences de l’information et de la communication françaises », Questions de communication, 15, [En ligne].
Bertini, Marie-J. (2006) « Un mode original d’appropriation des Cultural Studies : les études de genre appliquées aux sciences de l’information et de la communication. Concepts, théories, méthodes et enjeux », MEI, 24-25 (Études culturelles/Cultural Studies) : 115-124.
Blandin, Claire, et al. (2017) « Présentation. Féminismes et médias : une longue histoire », Le Temps des médias, 2, 29, [En ligne], [www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2017-2- page- 5.htm] (29 mai 2020).
Biscarrat, L. (2013). L’analyse des médias au prisme du genre : formation d’une épistémè. Revue française des sciences de l’information et de la communication. (3) Enligne. Récupéré de https://rfsic.revues.org/619
Biscarrat, Laetitia (2019). Montrez ce sexe que je ne saurais voir: genre et sexualité dans la
série Sex Education (Netflix, 2019). Mouvements, 3(99), p. 104-110.
Boisvert, Stéfany & Anouk Bélanger (2020). « Les plateformes télévisuelles québécoises et leurs animatrices : quand la post-télévision et le postféminisme convergent ». Recherches féministes, 33(1), p. 197-214.
Boisvert, Stéfany (2020). « ‘Queering’ TV, One Character at a Time: How Audiences Respond to Gender-Diverse TV Series on Social Media Platforms », Critical Studies in Television, 15(2), p. 183-201.
Bourdeloie, H. (2020). Gender, Class and the Internet. Dans K. Ross, I. Bachmann, V. Cardo, S. Moorti, C. M. Scarcelli (Éds.) The International Encyclopedia of Gender, Media, and Communication. Hoboken : Wiley. DOI : 10.1002/9781119429128
2018, 2021;
Bourdeloie H. (2018). “Digital Technologies and Social Relations of Age, Gender and Class amongSeniors. An Intersectional Approach”, Comunicación y Género, vol. 1, n° 2.
Brun, Josette (dir.) (2020). De l’exclusion à la solidarité. Regards intersectionnels sur les médias. Montréal: Éditions du remue-ménage.
Brun et al., (2020) « Présentation » (Re) productions et subversions du genre dans les médias,
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Cervulle, Maxime et Nick Rees-Roberts (2010). Homo Exoticus: race, classe et critique queer. Paris; Armand Colin.
Coulomb-Gully, Marlène (2010). Féminin/masculin: question(s) pour les SIC. Questions de communication, (17), En ligne. DOI : 10.4000/questionsdecommunication.383
Dalibert, M. (2018) «Les masculinités ethnoracialisées des rappeur.euse.s dans la presse ». Mouvements : des idées et des luttes, La découverte, 2018, La battle du rap : genre, classe,race, p.22-28.
Dalibert, M. (2014) « Penser la représentation des identités médiatisées au-delà du genre : l’approche intersectionnelle », Les Cahiers de la Société́ française des sciences de
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Damian-Gaillard, Béatrice, Sandy Montañola & Aurélie Olivesi (dir.) (2014). L’Assignation de genre dans les médias. Attentes, perturbations, reconfigurations. Rennes: Presses universitaires de Rennes.
Delphy, Christine (2009). L’Ennemi principal 1. Paris : Syllepse.
Galinon-Mélénec, B. et Martin-Juchat F. (2014). « Du « genre » social au « genre » incorporé: Le « corps genré » des SIC », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], https://doi.org/10.4000/rfsic.857
Haraway, Donna (1988). Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective. Feminist Studies, 14(3), p. 575-599.
Julliard, V. Quenemer, J. (2014) « Le genre dans la communication et les médias : enjeux et
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Julliard, V. (2009). Pour une intégration du genre par les sciences de l’information et de la communication. Questions de communication, (16) DOI:10.4000/questionsdecommunication.356
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Lebel, E. & Nadeau, C. (dir.), 2000 « Présentation : Communications : nouvelles perspectives féministes de la culture et des pratiques », Recherches féministes, 13, 2 : 1-12.
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Le Gallo, S. & Millette, M. (2019). Se positionner comme chercheuses au prisme des luttes intersectionnelles : décentrer la notion d’allié.e pour prendre en compte les personnes concernées. Genre, sexualité & société [En ligne], 22 | 2019, mis en ligne le 16 décembre 2019, consulté le 05 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/gss/6006 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gss.6006
Luka, M. E. & Millette, M. (2018). (Re)framing Big Data: Activating Situated Knowledges and a Feminist Ethics of Care in Social Media Research, Social Media + Society https://doi.org/10.1177/2056305118768297
Mattelart, M. (2003) « Femmes et médias. Retour sur une problématique », Réseaux, 120 : 23- 51.
Migner-Laurin, A. Bélanger, A. (2012) Les réalisatrices du petit-écran. (1952-2012) : 60 ans de télévision québécoise, Asso. Des réalisateurs et réalisatrices du Québec, Montréal.
