Vidéo: Approches féministes – savoir et genre

Le premier séminiare organisé par l’axe 4 (Épistémologies critiques en culture et en communication) du CRICIS intitulé Approches féministes : savoir et genre a eu lieu le 15 septembre 2017 à l’UQAM avec interventions de Francine Descarries, professeure au département de sociologie à l’UQAM et Ryoa Chung, professeure en philosophie à l’Université de Montréal ont proposé. Karine Bellerive, étudiante au doctorat en communication à l’Université de Montréal a animé la discussion. Vous trouverez ci-dessous un résumé des interventions ainsi que la vidéo de l’intervention de Mme Descarries.*

Francine Descarries: Nouveau regards, nouveaux savoirs: les études féministes au Québec

Cette communication portera sur les différentes phases de développement des études féministes au Québec au regard des différentes grammaires et influences féministes à l’origine de l’actuel foisonnement de concepts, de problématiques et de débats au sein de l’espace féministe québécois. Pour le moins, ce foisonnement contredit tout argumentaire sur l’obsolescence du féminisme comme pensée du changement, et plus profondément nous force à revoir nos questionnements, si ce n’est notre conception même du féminisme à l’heure actuelle.

Références:

  • DESCARRIES, Francine (2016) Des rapports sociaux de sexe à l’identité sexuelle, un continuum qui divise les féministes, LABRYS, études féministes/estudos feministas, no 29, janvier-juillet. En ligne.
  • JUTEAU, Danielle, « Nous » les femmes : sur l’indissociable homogénéité et hétérogénéité de la catégorie », L’Homme et la société, 2010, vol. 2, no 176-177. En ligne.
  • KERGOAT, Danièle, « Dynamique et consubstantialité des rapports sociaux », dans Elsa Dorlin (Dir.) Sexe, race, classe. Pour une épistémologie de la domination, Paris, PUF, coll. Actuel Marx confrontation, 2009, p. 111-125. ou encore plus près du second thème de la rencontre
  • GALERAND, Elsa et Danièle KERGOAT, « Consubstantialité vs intersectionnalité ? À propos de l’imbrication des rapports sociaux », Nouvelles pratiques sociales, Volume 26, numéro 2, printemps 2014, p. 44-61

Biographie: Membre-fondatrice de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Francine Descarries est professeure au département de sociologie de cette même institution et, depuis 2011, directrice scientifique du Réseau québécois en études féministes (RéQEF). Auteure du premier ouvrage québécois sur la reproduction sociale des sexes, Les cols roses et l’école rose, ses champs de recherche sont les théories et les études féministes, le mouvement des femmes québécois, de même que des questions concernant le quotidien des femmes et la reproduction de la division sociale des sexes : socialisation des filles, articulation famille-travail, sexuation de l’espace public, stéréotypes sexuels, antiféminisme, etc. L’Université du Québec lui a décerné en 2011 le Prix d’excellence en recherche pour l’ensemble de sa carrière et la Société Royale du Canada lui octroyait, en 2012, le Prix en études du genre pour sa contribution à l’étude des rapports sociaux de sexe.

Ryoa Chung: « Épistémologies féministes »

Dans le cadre de cette présentation, il sera question des diverses formes d’injustices épistémiques qui renforcent les système de domination genrée et/ou racialisée. Les injustices épistémiques sont au coeur des travaux du black feminism, des perspectives post-colonialistes et de l’épistémologie féministe. Parmi les formes les plus insidieuses d’inégalités épistémiques, les processus d’oblitération, intentionnels ou non, qui maintiennent dans l’ignorance les points de vue de certaines catégories sociales d’individus en tant que producteurs de savoir sont les plus difficiles à renverser. L’épistémologie de l’ignorance, développée par des penseurs tels que Mills, Sullivan, Tuana et Alcoff, nous aide à mieux comprendre les enjeux dont discute Dotson au sujet de l’épistémologie de l’oppression. Il sera également question de mieux comprendre comment des injustices structurelles (à l’aune de la notion de Iris Marion Young) causent et sont les conséquences des injustices épistémiques. En de tels contextes épistémiques, traversés par des inégalités profondes qui déterminent nos conceptions respectives de la réalité, comment peut-on penser la résistance? Dans la foulée des travaux de Medina, il sera question d’identifier les enjeux épistémiques qui résident au coeur des luttes sociales contre les injustices genrées et/ou racialisées.

Références:

  • ALCOFF, Linda (1991). « The Problem of Speaking for Others », Cultural Critique, No.20 : 5-32.
  • DOTSON, Kristie (2011). « Tracking Epistemic Violence, Tracking Practices of Silencing ». Hypatia 26, no 2: 236-257.
  • DOTSON, Kristie (2014). « Conceptualizing Epistemic Oppression », Social Epistemology, 28 :2, 115-138.
  • FRICKER, Miranda (2007). Epistemic Injustice. Power & the Ethics of Knowledge, Oxford University Press.
  • Medina, Jose (2013). The Epistemology of Resistance. Gender and Racial Oppression, Epistemic Injustice, and Resistant Imaginations, Oxford : Oxford University Press.
  • MILLS, Charles W. (1997). The Racial Contract, Cornell University Press.
  • MILLS, Charles W. (2007). « White Ignorance », Race and Epistemologies of Ignorance, Sullivan & Tuana (co-eds), Albany : SUNY Press.
  • SULLIVAN S., TUANA, N. (co-dir) (2007). Race and Epistemologies of Ignorance, Albany : SUNY Press.
  • YOUNG, Iris, Marion (2004). « Responsibility and Global Labor Justice », Journal of Political Philosophy, vol.12, no.4, pp.365-388.

Biographie: Ryoa Chung est professeure agrégée au département de philosophie de l’Université de Montréal. Titulaire d’un diplôme de stage doctoral  » pensionnaire scientifique étranger  » à l’École Normale Supérieure de Fontenay/St-Cloud (Paris, 1997), elle a complété son doctorat en philosophie à l’Université de Montréal (2001) sous la direction de Daniel M. Weinstock et effectua deux séjours de recherche à titre de ‘visiting scholar’ à Columbia University (2002) et au Harvard School of Public Health (2003). Ses domaines de recherche sont l’éthique des relations internationales et la philosophie politique appliquée, notamment dans le domaine de la santé. Elle s’intéresse également aux perspectives féministes pour mieux les intégrer dans le champ de l’éthique internationale. Ses articles ont paru dans des revues telles que Critical Review of International Social and Political Philosophy, Public Health Ethics, ainsi que dans des ouvrages collectifs tels que Questions d’éthique contemporaine (sous la direction de L. Thiaw-Po-Une, Stock, 2006), et Bioethics in Canada (sous la co-direction de C. Weijer, A. Skelton and S. Brennan, Oxford University Press, 2013).

Ryoa Chung est également l’auteure des entrées  » Soft Power  » et « Domination » dans Global Justice Encyclopedia (sous la direction de D. Chatterjee, Springer, 2012). Avec Matthew R. Hunt, elle a co-écrit le chapitre  » Justice and Health Inequalities in Humanitarian Crises. Structured Health Vulnerabilities and Natural Disasters « dans Health Inequalities and Global Justice (P. T. Lenard and C. Straehle co-eds, Edinburgh University Press, 2012) et a publié des articles avec les co-auteurs L. Eckenwiler and C. Straehle dans Bioethics, avec les co-auteurs M. Johri, A. Dawson, T. Schrecker dans Globalization and Health. Ryoa Chung a co-dirigé avec Jean-Baptiste Jeangène Vilmer l’ouvrage Éthique des relations internationales (Presses universitaires de France, 2013).

*Ryoa Chung n’a pas accepté d’être filmée.