Vidéo: Analyser les identités culturelles à l’écran

Premier séminaire de l’année 2021-2022 de la série de séminaires Genre(s) et méthodes co-organisé par le LabSIC (Laboratoire des Sciences de l’information et de la communication, Université Sorbonne Paris Nord, France) et le CRICIS (Centre interuniversitaire sur la communication, l’information et la société, Québec, Canada), et ayant débuté l’année dernière.

La séance a eu lieu le vendredi 24 septembre 2021 entre 9h et 12h (15h-18h à Paris) sur zoom. À cette occasion, nous avons accueilli Tara Chanady, chercheure postdoctorale à l’École de Santé Publique de l’Université de Montréal, ainsi qu’Hélène Breda, Maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication au LabSIC et chercheuse associée à l’IRCAV.

Résumés des communications filmées

Tara Chanady : Orienter le visible lezbiqueer: Représentation et auto-représentation lesbienne, bi et queer à la télévision de fiction québécoise.

Rendre visible quoi, de quelle façon, dans quel contexte, par qui et pour qui? Le dévoilement en-dehors de la sphère intime est un gage d’existence et de reconnaissance sociale pour les groupes minorisés qui participent ainsi à la constitution d’une réalité sociale collective. La visibilité publique et médiatique est un enjeu politique, altérant les paramètres de l’expérience quotidienne des individus (Voirol 2005, 94). L’articulation d’identifications lbtq* dans la sphère publique et médiatique est ainsi centrale à des processus d’auto-représentation et d’auto-reconnaissance (Goyette 2014). Ne pas avoir honte, se reconnaître, construire un sentiment d’existence collective : plusieurs études télévisuelles se sont intéressées aux liens entre les identifications sexuelles et les médias (Driver 2007 & 2008; Schwartz 2016; McInroy & Craig 2017; Smith, Telford & Tree 2017). Toutefois, des enjeux de pouvoir sociaux, culturels, économiques et politiques cadrent les visibilités qui ont accès à un espace médiatique plus largement diffusé comme la télévision populaire. La visibilité n’est donc pas gage d’émancipation, reproduisant des normes hégémoniques (McNicholas Smith & Tyler 2017) au sein d’un réseau standardisé capitaliste (Villajero 2014, 3) par un formatage qui exclue tout élément dissident (Voirol 2005). Comment les relations romantiques et/ou sexuelles entre femmes sont-elles construites; quels éléments sont mis en visibilité; quels discours identitaires sont mobilisés? Cette présentation explorera ces questions dans le contexte du paysage télévisuel québécois récent.

Hélène Breda: Analyser les discours d’internautes féministes face à la « culture légitime » de la « cinéphilie orthodoxe » : une exploration méthodologique.

Cette communication présentera une partie des recherches que j’ai menées depuis 2016 sur la réception d’œuvres audiovisuelles par des publics féministes « profanes » qui s’expriment en ligne. En croisant des approches antérieures, sur la notion de cinéphilie d’une part et sur les réceptions genrées d’autre part, je souhaite montrer comment des communautés de spectateur.ices ancrent leurs lectures de films et de séries dans « l’espace de la cause des femme » (Bereni, 2012). Elles rappellent ainsi les dimensions sociales et politiques de la Culture, souvent laissées dans l’angle mort d’une critique française professionnelle « orthodoxe » (Jullier, 2012) centrée sur des questions formelles et esthétiques dans une logique auteuriste. A l’occasion du séminaire, je reviendrai sur mon parcours méthodologique et sur les écueils rencontrés lors des phases d’exploration préliminaires de mes terrains numériques.


Co-organisé par le LabSIC (Laboratoire des Sciences de l’information et de la communication, Université Sorbonne Paris Nord, France) et le CRICIS (Centre interuniversitaire sur la communication, l’information et la société, Québec, Canada), le séminaire Genre(s) et méthodes (GEM) s’attache à étudier les questions féministes, intersectionnelles et de genre(s) en termes de méthodes, méthodologies et épistémologies. Concept transdisciplinaire fluide et non figé, le genre – ou les genres, pour échapper à un fonctionnement social binaire – a fait l’objet de travaux qui, en proposant un décentrement radical, ont transformé le paysage des sciences sociales et humaines tout au long du XXe siècle. Ce séminaire a pour objectif de proposer un espace pour discuter des apports de ces études à la pratique scientifique.